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Le cerveau et la langue : Les phases de l’apprentissage-acquisition


"je parle avec un accent mais je ne réfléchis pas avec un accent".

Les vendanges de feu

L'univers semble reposer sur une dualité qui peut agir comme un dilemme ou comme deux jambes sur lesquelles nous tenons en équilibre (tout en restant dynamique). Nous retrouvons la même chose en linguistique et éducation: le signifiant et le signifié, la forme et la fonction, l'apprentissage et l'acquisition....

Vous est-il déjà arrivé d'entendre quelqu'un parler dans son sommeil, ses paroles peuvent être dénuées de cohérence (sauf pour un psychanalyste probablement!), mais ce qu'il dit reste cohérent dans sa forme (syntaxe, accent ....).

Le processus d’apprentissage de la langue compte deux grandes phases : la phase d’apprentissage et la phase d’acquisition (je schématise mais la frontière n'est pas étanche, cf. Krahen). Autrement dit, quand je suis en train d’apprendre et quand j’ai fini d’apprendre (acquisition). La partie du cerveau qui s’occupe du processus d’apprentissage est (majoritairement) localisée dans l’hémisphère droit, la gestion de ce qui est déjà appris (donc acquis) se passe quelque part dans l’hémisphère gauche.

Dans l’hémisphère droit est localisé tout ce dont la réalisation requiert une réflexion active, comme les idées, les intonations rhétoriques (voir ci-dessus). Dans l’hémisphère gauche est géré tout ce qui est produit automatiquement comme certains mots-outils et la syntaxe. Mais aussi le rythme, l’intonation syllabique et syntaxique, la courbe mélodique ...communément connu sous le nom de l’accent.

Pour résumer, le contenu, le fond du message relève de l’hémisphère droit, la forme relève de l’hémisphère gauche.

Voilà pourquoi il est difficile pour un apprenant d’une langue seconde ou étrangère de réussir à feindre un accent. Voyez-vous, quand nous parlons une langue non acquise, nous gérons le contenu de ce que nous disons (le fond, les idées), ainsi que la manière dont nous le disons (la forme). Le locuteur d’une langue maternelle parlant sa langue ne s’occupe que des stratégies pour exprimer le contenu de son message, par contre l’outil linguistique comme tel (la forme, y compris l'accent…) fait partie de lui, il est automatisé. Il n’a pas besoin de s’en occuper. Un locuteur qui n’a pas encore acquis une langue doit se concentrer sur le fond (évidemment) et sur la forme (syntaxe et autres). S’il veut feindre l’accent, il aura alors trop de choses à accomplir, ce qui demande beaucoup d’énergie.

Il est très difficile de réaliser cette double (ou triple) tâche sur une longue période de temps. À moins que le locuteur soit déchargé d’une partie de la tâche : Il connait bien (par cœur) le texte (le fond) qu’il doit émettre, il peut alors concentrer ses efforts sur la formulation (le rythme, l’intonation, l’accent). C’est le cas d’une présentation bien préparée, ou plus généralement les routines de salutation qui sont répétitives (donc pas de surprise au niveau du contenu).

L'accent est comme un récipient. Les paroles que quelqu'un prononce sont le contenu du récipient. Le contenu prend la forme du contenant, mais reste authentique, dans l'idée. Ceci est sans doute ce qu'un personnage (hispanophone) du film Les vendanges de feu voulait dire quand il déclara "je parle avec un accent mais je ne réfléchis pas avec un accent".

Comment exploiter ces informations sur les fonctions langagières du cerveau? (à suivre)

Malé Fofana PhD

Sources

Obler, L. K. & Gjerlow, K. (1999). Language and the Brain. Cambridge: Cambridge

University Press.

Pinker, S. (1994). The Language Instinct. New York: William Morrow and Company.

Skehan, P. (1998). A Cognitive Approach to Language Learning. Oxford: Oxford

University Press.

Alfonso ARAU (1995). A Walk in the Clouds (titre original) Les Vendanges de feu (en France) ou La Vallée des nuages (au Québec).

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