La communication au cœur des agences nationales du Sénégal
- Dalla Male Fofana
- 12 avr.
- 3 min de lecture

Pour une meilleure communication, spécifiquement au niveau des agences (environnement, sécurité, pêche, pharmacie, agriculture, transport routier, commerce... ), il est possible de dégager plusieurs défis liés à la communication. Parmi ces problématiques, certaines méritent d’être particulièrement soulignées.
1. La langue comme vecteur de connexion humaine
Le premier point m’a rappelé une citation de Nelson Mandela :
"Si vous parlez à quelqu’un dans une langue qu’il comprend, cela va dans sa tête. Mais si vous lui parlez dans sa langue maternelle ou une variété linguistique qui lui est familière, cela va dans son cœur."
Cela montre à quel point la langue — ou plus précisément, la variété linguistique familière à un groupe — est un élément clé dans la qualité de la communication. Quand on s’adresse aux populations dans leur langue ou leur dialecte propre, il existe une forme de proximité qui se crée. On ne touche pas seulement à la compréhension intellectuelle, mais aussi à l’émotionnel, à l’affectif. Cette connexion est essentielle si l’on veut qu’un message soit réellement intégré et vécu.
2. Une approche participative et non imposée
Le deuxième point important est lié aux méthodes de travail des agences et des directions techniques sur le terrain. Bien souvent, les approches sont descendantes — du "top-down". Or, pour qu’une initiative soit bien accueillie et appropriée des populations, elle ne doit pas être parachutée. Elle doit venir d’elles, du bas vers le haut — "bottom- up".
Cela signifie qu’il faut partir des idées des populations, de leurs mots, de leurs aspirations. Ces éléments sont une matière première précieuse. Le rôle des techniciens, ensuite, c’est de structurer cette même matière, d’y apporter une méthode, une logique, une touche de scientificité. Ainsi, le travail sera non seulement plus efficace, mais surtout, les populations pourront s’y reconnaître. Elles verront que ce qui leur est proposé leur appartient, parce que cela vient d’elles. C’est une démarche pédagogique essentielle. Même en enseignement, il n'est idéal d'imposer du savoir : toujours partir de ce que les apprenants savent, les écouter, reprendre leurs mots et idées, les ajuster et construire ensemble.
3. La richesse des langues locales
Au sein d'une même langue, il existe des variations, des dialectes. Les mots ne signifient pas toujours la même chose selon les régions. D’où l’importance d’écouter les populations et de reprendre leurs propres termes. Cela permet de leur renvoyer un message dans un langage qu’elles comprennent pleinement, dans une forme qui leur est propre, ce qui renforce l’impact de la communication.
4. Message et messager
Le fait d'ancrer le message dans les croyances des populations est aussi important. Prenons l'exemple de la culture islamique, le Prophète Muhammad (paix sur lui) peut être évoqué. Lorsqu’il s’est rendu à Taïf pour chercher refuge, il y a été rejeté et maltraité. Et lorsqu’une punition contre la ville a été envisagée, il a plaidé pour ces habitants qui l'ont vu grandir. Selon lui, les gens de Taïf sont fondamentalement bons et veulent le bien, le message qu’il leur apportait était aussi un bon message, donc si le message n’a pas été reçu et accepté, c’est peut-être le messager qui a failli dans la manière de le transmettre.
Une leçon précieuse : entre un bon message et une population aspire au bien, quand la communication échoue, il faut interroger le canal, le vecteur, le mode de transmission. C’est là que les agences ont un rôle crucial. En améliorant leur façon de transmettre les messages, elles allègent leur propre travail, car les populations s’engagent plus naturellement, comprennent mieux, et participent activement à leur propre développement.
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